Dossier

 La Wii, 6 mois après

Cela fait maintenant exactement six mois que la Wii est sortie. Beaucoup de choses se sont passées, et depuis ce fameux 8 décembre 2006, date de sortie de la console en Europe, de l’eau a coulé sous les ponts. La Wii s’est vendue comme des petits pains, des listes entières de nouveaux jeux en développement ont fait leur apparition, et les comptables de Nintendo n’en reviennent toujours pas. Voyons donc ce qu’il en est actuellement sur le marché vidéoludique dans ce dossier.

Ce n’est que depuis six mois à peine, soit l’équivalent d’environs 180 jours, que les joueurs du monde entier ont pu découvrir ce qu’était le jeu vidéo d’après la vision de Nintendo. Et pourtant la petite blanche ne date pas d’hier. La console Gamecube précédente était à peine sortie que l’équipe de recherche et développement de Nintendo planchait déjà sur ce qu’allait devenir la Wii. 2002, cela peut paraître ancien, mais le concept de la Wiimote a bien dû éclore au bout de longs mois de réflexion.

Avant l’annonce officielle de la firme à propos d’une nouvelle console, des rumeurs annonçaient des noms tels que Nintendo 21 ou N5. Personne n’entendait encore parler de gameplay révolutionnaire, ni même du terme de « nouveaux joueurs ». Puis quelques informations ont été révélées courant 2004. On appris ainsi qu’une certain « Revolution » était en cours de développement. Les fans ont pressenti déjà qu’une révolution était en marche, d’autres jugeaient le nom trop prétentieux.

C’est alors qu’arrive à grands pas l’E3 2006. Cet évènement majeur du jeu vidéo est également celui où sont faites toutes les plus grandes annonces des éditeurs. Et Nintendo n’y échappera pas. Mais pour éviter trop d’excitation durant le salon et oublier les jeux qui vont avec la console, les dirigeants ont décidé de livrer une information capitale quelques semaines avant : le nom de la console. Ce sera le 27 avril 2006 que Nintendo of America annonce dans un communiqué officiel qu’il faudra oublier le nom Revolution, et s’approprier trois lettres seulement. La « Wii » était née.

Perrin Kaplan, la responsable de la communication aux USA, justifie ce nom qui peut paraître insensé au moment où des appellations telles que PS3 ou Xbox 360 sonnent mieux à l’oreille des gamers : « Il y a une multitude de noms qui sont devenus des mots de la vie de tous les jours et je pense qu’ils sont maintenant considérés comme uniques ». On pourrait alors s’imaginer que les deux i sont le symbole de deux personnes qui jouent, ou alors la représentation de cette manette novatrice.

Mais finalement les gens se sont habitués assez vite à ce nouveau nom, et ont pu découvrir ce qui se cachait derrière la « Wii ». Ce qui se cachait, c’était le concept jusque là inexploité dans les consoles destinées au grand public. Le président de Nintendo, Satoru Iwata, explique : « Les consoles d’aujourd’hui offrent déjà des expressions plutôt réalistes, alors simplement gonfler les graphismes ne nous permettra pas de voir la différence. Alors que devrait faire une nouvelle machine ? Beaucoup plus. Une expérience de jeu sans précédent. Quelque chose qu’aucune autre machine n’a jamais délivré avant ».

Inutile de l’expliquer à nouveau, la Wii utilise la reconnaissance de mouvements en ce qui concerne la maniabilité, en mettant au second plan l’aspect graphique des jeux. Tandis que les joueurs traditionnels qui préfèrent de bons gros jeux classiques se sont tournés rapidement vers les machines concurrentes, une nouvelle vague de clients déferle en ce moment même sur un jeu vidéo d’un tout autre genre. Nintendo a su exploiter l’attente de personnes qui ne s’étaient jamais aventurées dans l’univers du jeu, ou ceux qui au contraire étaient dégoûtés de l’aspect puissance des consoles actuelles.

Et visiblement cette idée a du succès. Fini les tonnes de boutons qu’il faut appuyer successivement durant des heures entières. Place à un mouvement plus direct, plus physique. Un tel concept déclenche la curiosité de nombreuses foules, qui voient en cette maniabilité Wii une vraie innovation. Les chefs d’entreprises peuvent enfin faire une partie de golf au bureau. Les personnes âgées peuvent désormais entretenir leur activité cérébrale tout en bougeant leur corps, et nombre de femmes essaient de perdre du poids devant leur télé.

La définition HD n’est donc plus autant à l’ordre du jour que les analystes professionnels l’attendaient. Mais ce n’est pas pour cela qu’il ne reste plus que des jeux du type Wii Sports et Cooking Mama. De véritables hits Nintendo sont actuellement en développement sur Wii : Metroid Prime 3, Super Mario Galaxy ou encore Super Smash Bros. Brawl vont pointer leur nez d’ici la fin de l’année. Enfin, des jeux nettement plus adultes sont tout de même au programme : Manhunt 2, Resident Evil, etc… Il y en a donc pour tous les goûts et tous les âges.

Mais ce qui fit la une des journaux durant les fêtes de fin d’année, ce sont très certainement les ventes hallucinantes de consoles Wii, et ceci sur toute la planète. Etant donné la cible de consommateurs nettement tournée vers les joueurs nouveaux, Nintendo projette un marketing qui les touche directement : simplicité, nouveauté, accessibilité. Des publicités télévisées, affichages publicitaires un peu partout sur le Web, panneaux dans les magasins de jeux… rares sont ceux qui ont pu échapper à la stratégie marketing de Nintendo.

Et le travail de la firme porte ses fruits. Le 19 novembre 2006 aux Etats-Unis, c’est la cohue générale. Les stocks de consoles arrivent à peine en magasin qu’ils disparaissent déjà, emportés dans les mains d’une foule pressée d’essayer la nouvelle console de Nintendo. Au Japon, le 2 décembre, les fils d’attentes dépassent les 48 heures dans les plus grandes enseignes de l’archipel. Des milliers de personnes sont décidées à acquérir la Wii par tous les moyens.

Que ce soit le jour ou la nuit, des arrivages directement en provenance des usines de Nintendo viennent réapprovisionner les stocks des magasins du monde entier. Mais difficile de parler de « stocks » puisque tout part dans les heures qui suivent. La réservation de la console est alors souvent obligatoire. Dès le jour de sa sortie au Japon, plus d’un million d’unités se sont écoulés sur les marchés japonais et américains. Nintendo doit cependant affronter encore un continent, et pas des moindres : l’Europe.

La première minute de la journée du vendredi 8 décembre 2006 en France a été marquée par le formidable intérêt pour la Wii dans les magasins, tels que la Fnac ou Virgin aux Champ Elysées. Plus de 600 exemplaires de la console se sont écoulés en quelques instants à la Fnac, et toute la première semaine qui a suivi cette journée a été ponctuée par une rupture continue des stocks sur quasiment tout l’hexagone. Il en est de même dans les autres grands pays européens. Plus de 325 000 exemplaires s’écoulent en deux jours seulement sur le Vieux Continent.

La chaîne de boutiques de jeux française annonce même au bout de quelques jours que les personnes n’ayant pas réservé leur console à tant devront patienter jusqu’au mois de février, soit plus de deux mois d’attente. Le site Internet de ventes sur enchères eBay voit le prix de vente de la Wii doubler, voir tripler lors des premiers jours qui suivent le lancement de la console. Nintendo n’ayant pas prévu un tel engouement pour sa machine, ses usines tournent à plein régime et pourtant n’arrivent pas à suivre le mouvement.

Les acheteurs ont alors désormais peur de ne pas pouvoir offrir la console pour les fêtes de Noël, tant la Wii devient introuvable. La rupture de stocks de la machine ne s’estompe qu’à la mi-avril, après presque 6 millions d’unités vendues dans le monde. Les jeux s’écoulent quand à eux sans problème : The Legend of Zelda : Twilight Princess, Rayman contre les Lapins Crétins, et Red Steel sont dans le collimateur des titres les plus vendus sur la console de Nintendo lors de son lancement. Les statistiques annoncent plus de 29 millions d’exemplaires de jeux vendus sur Wii, soit une moyenne de 5 jeux achetés en cinq mois pour chaque console Wii vendue.

Venons-en maintenant à ce qu’il en est de la Wii six mois après son lancement. D’abord, il s’agit de percevoir le nombre de jeux en développement sur la console de Nintendo. Presque 250 titres sont en développement ou sont déjà sortis à l’heure actuelle sur Wii. Rares sont les éditeurs qui ne sont pas intéressés par le développement sur la console. Parmi les plus gros éditeurs sur Wii, on peut citer l’américain Electronic Arts, les français d’Ubisoft, et évidemment Nintendo lui-même. Mais également Activision, THQ, Midway, Codemasters, Koei, Atari, Namco Bandai qui ne prépare pas moins de 37 jeux sur Wii, mais aussi Capcom, Konami, Sega, ou encore Square-Enix.

Outre les jeux à proprement parler, les titres Virtual Console ne sont pas non plus à oublier. A titre d’exemple, plus de 4,7 millions de téléchargements ont été effectués aux Etats-Unis depuis le lancement de ce service, qui consiste à télécharger des anciens jeux Nintendo 64, NES, SNES, mais également PC Engine ou Megadrive. Ce système a visiblement beaucoup de succès, puisqu’aux Etats-Unis cela représente environ 1000 téléchargements par heure. Une centaine de jeux ont été publiés à ce jour, dont de nombreux édités par Hudson Soft et Nintendo.

Les chaînes Wii se multiplient au fil du temps. Après l’apparition de la chaîne Internet en version d’essai puis définitive, d’autres services se sont ajoutés sur la console : météo, actualité, et même une chaîne vote pour les utilisateurs du monde entier. Satoru Iwata a déclaré dans une interview : « Le projet Wii est loin d’être terminé. Nous prévoyons d’effectuer des mises à jour par Internet et de nous rapprocher petit à petit de notre but : proposer une gamme large et variée de logiciels et de chaînes, pour qu’un jour la Wii fasse partie de la vie quotidienne de tous les membres de la famille. C’est le défi que nous nous sommes lancés ».

Le online a également fait son apparition en Europe très récemment, avec la sortie de Mario Strikers Charged Football. Nintendo a enregistré presque 400.000 connexions online en seulement deux jours. Une multitude d’autres jeux prévoient cette fonctionnalité, y compris les jeux d’éditeurs tiers. Ce qui fait de la Wii une bonne raison de se mettre au jeu vidéo, surtout avec un prix nettement plus bas que celui des consoles concurrentes.

Nintendo profite d’ailleurs de cette situation pour faire un large bénéfice, étant donné les coûts largement plus bas des composants de la machine. Le magazine économique Fortune a même calculé le coût que doit supporter la firme pour chaque Wii produite. Il en découle que chacune des unités écoulées rapporte 50 euros à Nintendo, ce qui représente 1/5 ème du prix que le consommateur doit dépenser à l’achat. Plus précisément, la manette coûte 10 euros à produire, alors qu’elle est vendue à 40 euros en magasin. Certains pourraient trouver cela scandaleux, mais c’est le prix à payer pour l’innovation.

Avec plus de 200 millions dollars alloués au marketing, et des prévisions de 35 millions de consoles à vendre aux Etats-Unis d’ici 2012, décidément Nintendo compte tout en millions lorsqu’il s’agit de la Wii. En six mois la firme au plombier moustachu a su captiver un public très large, composé pour la plupart de joueurs nouveaux, que ce soit des jeunes ou des vieux, filles ou garçons. Alors que les développeurs de jeux n’y auraient même pas cru il y a un an, ils se comptent maintenant par dizaines à vouloir travailler sur Wii. D’impressionnantes ventes succèdent à de longues ruptures de stocks, mais finalement Nintendo a réussi son pari : voir le jeu vidéo autrement.
       4 commentaires
Posté par Arthur, le lundi 03 septembre 2007. 

 Commentaires

Posté par marcosonic2 le vendredi 14 mars 2008 à 23:00
Posté par twixxxy-killer le samedi 15 mars 2008 à 19:41
Posté par twixxxy-killer le samedi 15 mars 2008 à 21:50
Posté par twixxxy-killer le samedi 15 mars 2008 à 23:52



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 Citation

"Je pense que les jeux sont le futur de l'éducation"
Edward O.Wilson, professeur à Harvard
Playset : Grand Chelem Tennis
Playset : Let's Tap

 Edito par Arthur

Shigeru Miyamoto, illustre créateur de nombreux personnages Nintendo, semble à la traîne au niveau technologie. Non pas que l'un des maîtres du jeu vidéo ne sache pas télécharger, mais c'est loin d'être sa préférence. Il n'est pas ici question de téléchargement illégal, mais simplement du commerce culturel dématérialisé. Le WiiWare en est d'ailleurs un parfait exemple.
"Le divertissement ne doit pas devenir quelque chose d’uniquement numérique". C'est ce qu'a affirmé Miyamoto dans une interview au journal californien Mercury News. Jolie phrase, dans une société où tout s'explique par binaire. Mais est-ce pour autant une mauvaise nouvelle ? Difficile d'y croire, lorsque l'économie numérique représente le premier débouché de la crise pour de nombreux spécialistes, et un véritable vivier d'emplois pour le futur.
Le papa de Mario ajoute : "Personnellement, je suis l’un de ceux qui, même si j’ai téléchargé toutes les chansons d’un album sur iTunes, j’achèterais quand même le CD. Je me sens plus rassuré avec un média physique". Il est vrai que la musique est dématérialisée depuis des années, avec le développement de plateformes comme iTunes ou Deezer. Alors qu'en est-il du jeu vidéo ? La question du numérique demeure très récente, depuis l'apparition de services online pour chaque console.
"Si je regarde le WiiMotion Plus, c'est quelque chose que vous ne pourriez pas distribuer de manière numérique. En fait, nous ne voyons vraiment pas le futur du jeu vidéo confiné dans la distribution digitale. Nous ne voyons pas la majorité de nos produits distribués de cette façon". Bref, Miyamoto promet que les joueurs devront se déplacer et acheter la boîte de leur jeu. Les magasins Micromania ont encore de beaux jours devant eux.

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